Je suis une enseignante du primaire qui a déposé son chapeau de titulaire il y a maintenant 4 ans. Je suis une auteure, passionnée de lecture et d’écriture. Je suis une maman de 3 enfants et malgré tous mes chapeaux professionnels, j’ai eu beaucoup de difficulté à faire l’école à la maison le printemps dernier. Je ne suis pas la seule, je vous ai lues et entendues partout dans les médias.
En fin de compte, j’ai fait du mieux que j’ai pu, tout en essayant de calmer la culpabilité qui me grugeait par en dedans 24/7. Pour l’étouffer, je me répétais qu’ils apprenaient aussi « autre chose » pendant cette situation particulière. De nombreux parents se sont aussi accrochés à cette idée. Pour moi, l’essence de cette philosophie passait par ce livre.
Sous forme d’un monologue/lettre d’amour à un enfant du préscolaire [mais qui s’adresse à tout le monde], l’auteure Mylen Vigneault dresse une liste d’apprentissages de la vraie vie, d’une façon simple et poétique.
« J’aimerais te dire que tu as raison de prendre ton temps pour observer les papillons et les crapauds, les pissenlits et les graffitis. »
Pendant les trois mois que nous avons passés ensemble, les enfants et moi, nous avons compris comment les écureuils qui habitent les arbres derrière chez nous construisent leur abri, en les observant longtemps. Nous avons aussi découvert qu’ils font la sieste, bien installés sur une branche, presque invisibles, grâce à leur pelage de la même couleur que l’écorce.
« Que les différences de chacun font le sel de l’existence; si tout était comme chez toi, ce serait vite lassant! »
Pendant ce temps sur pause, j’ai jasé avec mon ado de racisme systémique. Une discussion de fin de soirée, qui l’a fait se coucher plus tard qu’à l’habitude. Ce n’était pas trop grave, la réflexion en valait la peine et il n’y avait pas d’école le lendemain.
Je pourrais vous citer chaque page de cet album et vous expliquer comment chacune a fait écho dans notre printemps unique. Le pardon [chicane entre frères et sœurs], la peur [du virus], accepter nos émotions, celles qui font du bien et celles qui rendent inconfortables… Quand j’angoissais à cause du retard dans les pages de mathématiques et de l’anglais qu’ils n’étudiaient pas assez, je me replongeais dans ce livre et je respirais mieux. Maintenant que le calme revient, je me promets d’y revenir encore pour me souvenir que les enfants doivent être nourris de connaissances, oui, mais aussi des petits et grands détails de la vie.
Cet album est parfait pour commencer une année scolaire du bon pied, remettre les pendules à l’heure chez les enfants qui vivent l’angoisse de la performance, pour ralentir la cadence quand le calendrier se comble trop rapidement d’activités, quand on a envie de revenir à la base et de se reconnecter à notre essence. Si j’avais encore ma classe, je crois que je recopierais certaines citations sur les murs, comme des ancrages puissants à ne jamais oublier.
« J’aimerais te dire que le fait d’avoir du mal à lacer tes chaussures aujourd’hui ne t’empêchera pas d’aller aussi loin que tu le désires. »
Le sais-tu que tu ne dois pas tout savoir…
Texte : Mylen Vigneault
Illustrations : Maud Roegiers
Éditeur : Alice Jeunesse
0 commentaires