Dans ma vie, le temps des fêtes amène deux types de mouvement : un vers l’extérieur et l’autre vers l’intérieur. Je vous explique.
Le mouvement qui me pousse vers l’extérieur porte mes pas dans les fêtes familiales, le rock and roll de ligne avec mes cousines, les discussions autour du buffet, les spectacles improvisés des enfants et les balades en voiture sur l’autoroute 10 enneigée avec des enfants survoltés ou endormis la tête toute croche suspendue dans le vide de leur épuisement.
Le mouvement qui me tourne vers l’intérieur est plus introspectif, évidemment. Il prend la forme d’un bilan de l’année, de quelques derniers éléments à cocher sur ma liste de souhaits écrite il y a douze mois. C’est un peu cliché, mais les petites attisées dans le foyer, les lectures et le chocolat chaud, les films en petite famille, tous entassés sur le même fauteuil sous une montagne de couverture, flatter mon lapin pendant des heures jusqu’à en être recouverte de poils blancs…
Les mouvements extérieurs se sont faits et se feront plus discrets cette année, ce qui nous donne parfois l’impression qu’il ne se passera rien…
Détrompez-vous, ce rien est une richesse dont il faut profiter, car le temps des fêtes rime habituellement davantage avec extériorité qu’intériorité. Pourquoi ne pas en profiter?
« On sait qu’on ne revivra plus jamais un rien comme celui-là. »
Le premier album que je vous propose pour bercer votre temps des fêtes est celui-ci. Pour ouvrir vos yeux, vos oreilles et votre cœur. Mettre de côté vos déceptions, vos frustrations, apporter du doux dans la fin d’une année qui nous a submergés d’un lot historique de difficultés.
Les points de suspension dans le titre démontrent immédiatement que notre impression est fausse. Le reste nous prouve de quelle façon.
En prenant le temps de percevoir et d’apprécier ce « rien », je prends en fait conscience de mon bonheur silencieux, des petits moments de magie qui tissent ma vie. Lisez cet album en premier, il changera votre façon de percevoir votre temps des fêtes réinventé. Il peut aussi être un outil formidable pour les enseignants qui font écrire leurs petits moments à leurs élèves, pour réfléchir à ce qu’est un petit moment.
Pour rester dans le thème, voici « Le livre du rien ». Un grand-papa offre un livre vide à sa petite-fille, lui promettant qu’elle y trouvera toujours des idées, parfois géniales, oui, mais parfois nulles aussi.
« (Alicia) ne s’ennuyait jamais. Elle ouvrait son livre pour un oui, pour un non, sachant que du neuf en jaillirait. (…) Son Livre du Rien était devenu Le Livre du Tout. »
Parce qu’au fond, c’est ce qui nous inquiète pour cette fin d’année : de s’ennuyer. Des gens, plus exactement, mais aussi d’errer pendant deux semaines à la recherche du plaisir disparu. Pour panser nos blessures et tromper l’ennui, pourquoi ne pas vous offrir, à vous et vos enfants, un Livre du Rien, que vous pourrez tous utiliser au fil de vos envies, pour les prochaines semaines et pendant la nouvelle année? Un carnet secret ou à partager, dans lequel écrire ou dessiner, qui saura colorer vos journées et, qui sait, mettre en lumière des rêves enfouis, des projets endormis ou de bonnes idées inespérées!
Avec ou sans pandémie, je garde toujours un après-midi en famille pour réaliser nos collages, nos moodboards de la nouvelle année. Nous découpons des images et des mots inspirants dans de vieux magazines, ce qui nous permet de faire le point sur nos rêves et nos envies, mais aussi sur nos défis. Les doigts collants, des retailles de papier jusque dans le salon, on dirait que les langues se délient plus facilement. J’en apprends beaucoup sur mes enfants en même temps que je fais mon bilan.
Cette année, avant notre activité, je leur présenterai cet album magnifique, parfait pour nous inspirer. Mylen Vigneault (auteure de Le sais-tu?) met en scène, elle aussi, un grand-papa et sa petite-fille, comme quoi la sagesse vient assurément de nos aînés!
Ce papi confie à sa petite-fille une liste précieuse, en lui demandant d’en réaliser certains points, même lorsqu’elle se croira trop grande pour continuer. En voici quelques éléments:
-Regarder le monde sous un autre angle
– Offrir des fleurs à un inconnu
– Rappeler à un vieux qu’il est encore jeune
– T’endormir à l’aube parce que tu terminais un bon livre.
– Aider quelqu’un sans que tout le monde le sache.
Cette magnifique liste rythme l’histoire dans laquelle on suit la fillette qui grandit et le papi qui s’en va. Poétique, magnifique, ce texte a l’effet contagieux de donner envie de cocher nous aussi tous les éléments de cette liste et d’en ajouter.
Cette année a été anormale, bouleversante, renversante, difficile et magnifique à la fois. Comme le sous-titre nous le rappelle bien : il faut « garder son cœur d’enfant même quand on sera grands », ce temps des fêtes nous invite à le retrouver immédiatement.
Joyeuses fêtes, elles seront uniques, aussi bien en profiter!
Parfois, on a l’impression qu’il ne se passe rien…
Texte : Simon Priem
Illustrations : Stéphane Poulin
Éditeur : Sarbacane
Le livre du Rien
Texte et illustrations: Rémi Courgeon
Éditeur : Seuil Jeunesse
La liste
Texte : Mylen Vigneault
Illustrations : Maud Roegiers
Éditeur : Alice Jeunesse
Très touchant. Très belle écriture. J’aime beaucoup les qualificatifs pour cette année:
« Cette année a été anormale, bouleversante, renversante, difficile et magnifique à la fois. »
Avec votre permission, Valérie Fontaine, je vais les reprendre dans mes échanges avec ma famille et mes amies.
Je vous donne la permission avec plaisir! Merci pour les gentils commentaires!